Qui dit Varenne dit Mortemer, qui dit Mortemer dit Mortimer, qui dit Mortimer dit Mickey Mouse, car vous connaissez tous Gautier d’Isigny ! Voilà les surprenantes explications !
Il y a deux faits pour argumenter que Mickey Mouse ait une origine normande.
D’une part, son créateur Walt Disney (Walt étant l’abréviation de Walter, équivalent normand de Vautier ou Vatier et du français Gautier) dont le nom n’est que la forme anglicisée d’Isigny, ville du Calvados d’où étaient originaires ses aïeux. Parmi eux, Robert et Hugues Suhard d’Isigny suivirent Guillaume le Conquérant en Angleterre et aujourd’hui encore une ville du Lincolnshire porte le nom de Norton Disney. Dans St Peter’s Church, on y voit le gisant de Sir William Disney datant du XIIIe siècle. Mais ce n’est qu’en 1834 qu’Arundel Elias Disney embarqua pour les Etats-Unis. Un superbe musée Disney rappelant l’épopée normano-anglo-irlandaise de la famille Disney est visible près du Golden Gate Bridge à San Francisco.
Isigny est aujourd’hui connu en France pour son caramel, son beurre, sa crème et ses fromages (camembert, pont l’évêque…). La fromagerie d’Isigny Sainte-Mère en a fait un argument publicitaire en apposant la figurine de Mickey avec de nombreuses variantes sur ses boites.
D’autre part, Mickey Mouse ne s’appelait à l’origine pas ainsi, mais Mortimer, forme également anglicisée de notre Mortemer(-sur-Eaulne), à ne pas confondre avec Mortemer(-en-Lyons) dans le département de L’Eure connu pour son abbaye (erreur commise par Wikipédia au sujet de Mortimer et par de nombreux historiens bas-normands qui ne connaissent pas notre région). On note également l’évolution de Varenne qui devint Warren ou Warrenne (prononcé ouaren). On relève rarement Mortemer-en-Bray, appellation non justifiée puisque ce village est situé au Nord du pays de Bray.
Cependant Walt Disney a attribué le nom de Mortimer Mouse à une autre souris plus grande et avec un long nez. Dénommé Radeville en français, il est l’oncle de Minnie Mouse, ou parfois Ratino étant le rival de Mickey auprès de Minnie depuis 1936.
Quant au nom de Mortimer, il fut associé aux plus hautes charges de l’Etat en Angleterre. L’un de ses représentants descendant de Roger de Mortemer dont le fils Raoul suivit le duc à Hastings, Roger de Mortimer, suite à la déposition du roi Edouard II en 1327, devint régent du royaume, un autre devint vice-roi d’Irlande. Après l’annexion de la Normandie à la France en 1204, une branche des Mortemer resta en Normandie dont celle de Guillaume de Mortemer qui n’eut pas de descendance mâle pour y perpétuer le patronyme.
En Angleterre, on retrouve ce nom dans plusieurs localités : Mortimer et Stratfield Mortimer (West Berkshire), Mortimer West End (Hampshire), Woodham Mortimer (Essex) (paroisse donnée à Robert de Mortimer par Henri II), Cleobury Mortimer (Shropshire). Cette dernière doit son nom à Raoul de Mortemer (Ranulph de Mortimer). Un château y est mentionné pour la première fois en 1154, fut détruit par Henri II et reconstruit en 1179 par Hughes de Mortimer. On n’y voit plus aujourd’hui que les fossés qui le ceinturaient. Le principal château des Mortimer était celui de Wigmore (Shropshire) acquis en 1075, situé non loin de la frontière avec le pays de Galles, tout comme celui de Whitchurch plus au nord tenu par William de Warenne. Un de leurs descendants Roger Mortimer de Chirk édifia aussi en 1295 le château de Shirk (Shropshire) à la frontière anglo-galloise tout comme le fut celui de Presteigne (Powys) qui fut reconstruit par un autre membre de la famille Mortimer en 1230.
Toujours sur les Marches du pays de Galles, le château de Ludlow situé à seulement 10 km à l’Est de Wigmore devint par alliance propriété de Roger Mortimer (1287-1330) qui l’agrandit pour en faire son palais. Il en reste des ruines majestueuses avec un donjon carré typiquement anglo-normand et une tour ronde dite Tour de Mortimer. De plus le nom de Mortimer perdure dans celui de la forêt de 100 hectares entre Ludlow et Wigmore, Mortimer Forest et dans Mortimer’s Cross Water Mill au sud de Wigmore.
A l’entrée du château de Kenilworth (Warwickshire) fut érigée par Roger Mortimer la tour nommée aujourd’hui Mortimer’s Tower au début du XIIIe siècle.
Ces châteaux étaient très nombreux du Sud au Nord de la frontière entre Chepstow et Chester. La plupart d’entre eux étaient des châteaux à motte construits aux XIIe et XIIIe siècles dont il ne reste aujourd’hui le plus souvent que la levée de terre. Les Mortimer furent pendant plusieurs siècles les gardiens de cette frontière entre le pays de Galles et l’Angleterre d’où leur titre de Earls of March. Le site internet de la Mortimer History Society les a inventoriés et présente tous ces châteaux en lien avec les Mortimer.
A quelques kilomètres au Sud de Ludlow et de Wigmore, on peut admirer à Much Marcle dans l’église Saint-Barthélémy, le superbe tombeau de style gothique de Blanche Mortimer, épouse de Pierre de Grandison, décédée en 1347. Récemment restauré, ce chef-d’oeuvre comporte les armes des Mortimer représentées 14 fois ! (Burelé d’or et d’azur, au chef tiercé en pal, le premier tranché, le troisième taillé de même, le deuxième d’azur en pal d’or, un écusson d’argent brochant en coeur).
Dans le centre de l’Irlande, sur la rive Est du Lough Derravavragh au Sud-ouest de Castlepollard (County Westmeath), subsistent les ruines du château anglo-normand de Mortimer’s Castle. Il fut tenu par Roger Mortimer (4e Earl of March, 1374-1398) et Edmund de Mortimer (5e Earl of March et 7e Earl of Ulster, 1391-1425).
Une ville porte également le nom de Mortimer aux Etats-Unis au Sud de Chicago. Dans le Michigan, un grand pont métallique de style Eiffel construit en 1934 se nomme Mortimer E. Cooley Bridge.
Et qui ne connait la célèbre bande dessinée Blake et Mortimer ? Encore une fois, celle-ci a fait le tour du monde avec Mickey Mouse et ses deux derniers héros.
Aujourd’hui en Normandie, à Mortemer et à Bellencombre, on a du mal à réaliser l’énorme impact qu’ont eu en Angleterre et au-delà ces deux grandes familles originaires de ces lieux, les Mortimer et les Warren.
De Mortemer à Château Gaillard. Ne pas confondre Mortemer(-sur-Eaulne) en Seine-Maritime avec Mortemer(-en-Lyons) dans l’Eure – Le Réveil (10-9-2020)
En Normandie, à Mortemer(-sur-Eaulne), un lieu-dit se nomme Les Hattingues (Ex dono Roberti de Hastinguis, 1156-1161). Il n’est pas sans rappeler celui d’Hastings où eut lieu la célèbre bataille en 1066. Est-ce en cet endroit que se déroula la non moins célèbre bataille de Mortemer en 1054 ? L’Etoquet rappellerait également le site où les Français furent estoqués, autrement dit « passés au fil de l’épée ».
Pour plus d’informations, voir la rubrique Les compagnons de Guillaume de Varenne, l’article ci-dessus De Mortemer à Mortimer (Le Réveil, 28-5-2020) et l’article intégral De Mortemer à Mortimer publié dans le numéro 117 de 2021 de la revue Le Pucheux, pp.4-9 (84 rue du Moulin de la Nation – 76690 – Fontaine-le-Bourg. 06 21 87 70 35).